SAINT-GOBAIN EST-IL VRAIMENT L’AMI DES START-UP ?
De loin, Saint-Gobain est un modèle d’ouverture aux jeunes entreprises innovantes. Le groupe français, leader mondial dans les matériaux de construction, vient pour la deuxième année de décerner trois prix de 15 000 euros à des jeunes pousses européennes innovantes dans les secteurs de l’habitat, de l’environnement et de l’énergie, à l’occasion du 5e Salon européen de la recherche et de l’innovation (SERI). Apparemment rien à redire. Neuf finalistes (trois par prix), sélectionnés parmi 50 candidats représentant 11 pays, se sont pliés sur le salon, à un exercice de type « speed dating » (présentation en neuf minutes) devant un jury de spécialistes de Saint-Gobain, juste avant la remise des prix. Le lauréat « Habitat » est la toute jeune entreprise allemande M-There, qui propose un chauffage électrique radiant mural basse tension (24 volt) qui se colle au mur, au sol, voire au plafond, comme un papier peint. C’est la société suisse TVP Solar et ses capteurs solaires sous vide, qui a reçu le prix « Energie ». Le prix « Environnement », lui, a été décerné à une start-up danoise, Shark Solution, qui sait extraire le PVB (polyvinyle butyrale) des vitres d’automobiles pour le recycler.
Au-delà de l’opération de communication pour donner une image d’ouverture, l’objectif pour Saint-Gobain est bien de nouer des partenariats de tous types (co-développement, licences…) avec ces start-up, lauréats et finalistes. D’ailleurs, depuis trois ans, pour identifier ces start-up innovantes, Saint-Gobain investit dans des fonds afin d’accéder aux meilleurs dossiers via une cellule baptisée Nova External Venturing.
Mais rien d’altruiste dans la démarche. « Quand j’aide des jeunes pousses, c’est pour que cela serve à Saint-Gobain à aller plus vite vers une technologie. Mais on ne peut pas nous demander d’aider à l’émergence de concurrents », explique Pierre-André de Chalendar, directeur général de Saint-Gobain. Une déclaration faite plus tôt dans la matinée du 3 juin, lors d’une table ronde du SERI , en réponse à une remarque de Bernard Bigot, administrateur général du CEA qui regrettait encore une fois que les jeunes pousses innovantes françaises ne soient pas accompagnées vers la croissance mais soient, au contraire, quasi systématiquement rachetées par des groupes financiers. « Ces jeunes pousses sont souvent rachetées pour être stérilisées », a-t-il même osé affirmer. La déclaration de monsieur de Chalendar n’a pas vraiment laissé entendre le contraire.